"Ura" l'eau est aussi où on ne la voit pas...(Elgar N° 597 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2019)
Come tous les mots basques très courts, le mot "ura" est certainement très ancien et est peut-être une transposition d'une vieille racine indo-européenne, que l'on peut retrouver dans des noms de cours d'eau comme "l'Eure", la rivière normande.
En euskara, "ura" sert à former de nombreux mots. Ainsi l'île se dit "uhartea", c'est-à-dire "entre l'eau ou les eaux". A noter que ce nom a aussi servi en toponymie. Ainsi la ville de Uhart-Cize en Basse-Navarre (Uharte-Garazi en euskara), tire très certainement son nom du fait que le village est situé au confluent de trois cours d'eaux : la Nive de Béhobie, la Nive d'Arnéguy et le Luarhibar, au lieu-dit "Irureta", les trois eaux.
De même, "ura" sert aussi à désigner des animaux aquatiques. En Iparralde, la loutre est ainsi appelée "urtxakur" (littéralement, "chien d'eau") ou "uraberea" (littéralement, la bête (axera) de l'eau).
Comme la mythologie n'est jamais très loin, "uhanderea", la dame de l'eau, désigne logiquement la "sirène", mais aussi le triton.
Au figuré, "urbegia", 'littéralement, l'oeil de l'eau) désigné la source, tandis que "uratea" (littéralement, "la porte de l'eau") désigne l'écluse.
Enfin, la couleur "bleue", se désigne logiquement "urdin" (de "ura", l'eau et "din", qui est comme).
Jean-Baptiste Heguy